Pâqucessoire

Pâqucessoire

Je n’avais plus de désir pour Myriam….jusqu’à ce qu’elle enfile ce …truc…

Nous avions comme tant d’autres laissé notre passion s’émousser au fil du temps qui voyait grandir nos enfants et décliner la rage de nous aimer qui avait été la nôtre il n’ y a pas si longtemps finalement.

Le désir avait pris la tangente. Moi pas. Myriam non plus. Nous étions restés soudés par tendresse, pas intelligence, par respect. Par habitude aussi sans doute un peu. Nous formions donc une bonne équipe que d’aucuns nous enviaient.

Mais ce temps où nos corps ne pouvaient se résister avait été relégué au domaine des souvenirs. Bref, je n’avais plus de désir pour Myriam….jusqu’à ce qu’elle enfile ce …truc…

Le cadre n’était pourtant pas propice aux galipettes, si ce n’est pour les vedettes de cuniculture à l’honneur en cette période pascale. Nous étions venus avec un groupe d’amis pour la traditionnelle chasse à l’œuf organisée par notre commune.

Chacun s’ébattait dans le grand parc entourant le manoir de Baud. Locaux et touristes de ce weekend prolongé s’étaient donné le mot en cette douce journée d’avril et l’événement était comme à l’accoutumée un franc succès.

J’avais suivi les miens avec plus de bonne volonté que d’envie. Mais la joie des plus jeunes aurait donné le sourire à une pleureuse de la Grèce antique. Alors je ne boudais pas ce bonheur simple.

Myriam menait notre petite troupe avec son habituel enthousiasme et un tee-shirt jaune poussin.  Je n’avais plus de désir pour elle….jusqu’à ce qu’elle enfile ce …truc…

Elle venait de poser son sac à dos pour sortir quelque goûter ou boisson pour les petits. Elle s’était penchée. Ses fesses étaient toujours aussi belles mais ne me suscitaient plus aucun désir…jusqu’à ce qu’elle enfile ce… truc…

Après les compotes, elle avait sorti du sac ce fameux truc…et l’avait enfilé. Un serre-tête avec des oreilles de lapin en peluche rose kitch à souhait. Elle s’était tournée vers moi et j’avais été comme transpercé par sa bouche qui souriait magnifiquement, par sa fossette au menton, par ses yeux qui plissaient , par les doigts de sa main droite qui repoussaient une mèche de cheveux derrière son oreille.

Ne m’était venue aucune référence bassement bunniesque. Mais comme une sorte de flashback fulgurant. Mon désir venait de vivre une expérience de mort imminente. Traversée de ce tunnel jouissif, lumières vives sous ce soleil printanier….et toutes nos étreintes qui me revenaient en rafale.

Je la regardais comme je ne l’avais plus regardée depuis trop longtemps. Et elle le sentait. Nous restions immobiles comme deux ados empotés avant leur premier baiser.

Notre désir commun venait, tel un phœnix, de souffler autour de notre couple une bulle à toute épreuve que je traversai pour prendre Myriam dans mes bras et enfouir mon nez dans son cou.

Mon émotion s’échappait par ma bouche sous forme de mots irrépressibles qui tous lui criaient à quel point j’avais envie d’elle. Ma bouche couvrait sans cesse de baisers quelques centimètres de sa nuque, tandis que je gardais mon visage dans son parfum. Sous le jaune poussin, ses seins, écrasés contre ma poitrine, me rapportaient son rythme cardiaque affolé.

Je n’avais plus eu de désir pour Myriam….jusqu’à ce qu’elle enfile ce …truc…qui ressuscita la passion qui nous animait autrefois…

A nos pieds, à peine caché dans l’herbe haute,  un bel œuf nous avait fait de l’œil depuis le début de notre câlin de retrouvailles….