Chichis, chouchous, boissons fraiches

Durée: 4 min 59″
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Chichis, chouchous, boissons fraiches


 

« Chichis, chouchous, boissons fraîches » entendit crier Ophélien.

Il était allongé depuis quelques trois heures sur cette plage bondée, espérant vaguement une occasion de drague qui lui permettrait de se changer les idées. Mais l’après -midi avait été plus fructueux en bronzage qu’en occasions de séduction. Pourtant il se sentait sûr de lui. Corps svelte, sculpté par une fréquentation régulière de la salle de sport. Peau dorée au hâle mis en valeur par un caleçon orange et une huile solaire au parfum enivrant.

Sa récente rupture, sans être une blessure à vif, restait comme une nuage bas sur sa vie, et il mourrait d’envie qu’un grand souffle de renouveau dégage son ciel sentimental. La plage lui avait semblé le lieu parfait pour entrer en contact avec de nouvelles personnes. Mais jusqu’alors, c’était le calme plat. Ophélien était surtout entouré de familles dont les enfants s’ébattaient avec joie, mais les célibataires se faisaient plutôt rares.

Une orangeade bien fraîche tomberait à pic. Ophélien leva le bras pour signifier son intention au vendeur ambulant. Marco s’approcha et déposa dans le sable la lourde glacière qu’il portait en bandoulière. Il s’accroupit pour sortir la bouteille commandée de sa caverne de glace. Ophélien le surprit en passant ses doigts sur son épaule. « C’est lourd non ? … ça vous zèbre l’épaule ».

Les deux hommes restèrent un instant à s’observer. Ophélien avait laissé libre cours à sa spontanéité, ne pensant même pas que son geste aurait pu être mal reçu. Maintenant il cherchait dans le regard de Marco à découvrir l’effet de cette ébauche de caresse.

« Pas de CHICHIS entre nous ! » lui lança alors le beau porteur de frais, faisant ainsi redescendre la tension qui avait flotté entre eux l’espace d’un instant. Il semblait très fier de son jeu de mots. Sa bouche, fendue d’un immense sourire, perdit Ophélien dans les brumes de la fascination.

Ne voulant toutefois pas demeurer en reste, ce dernier lui lança un « Tu ma la sers CHOUCHOU cette orangeade ? ». Les deux beaux gosses partirent d’un fou rire sonore qui fit se retourner les occupants des serviettes alentours.

La bouteille glacée passa de l’un à l’autre, non sans que leurs doigts ne se frôlent un peu plus longtemps que nécessaire. Mais déjà Marco s’était redressé. La sangle bleue lui barrait à nouveau la poitrine. Et déjà il s’éloignait sur le sable brûlant, Ophélien ne perdant rien de ses fesses et de sa carrure affolantes.

Il décida alors de prolonger encore un peu son après-midi de farniente, espérant que la glacière repasserait dans l’autre sens. Il ne fut pas déçu, puisqu’une bonne heure plus tard il aperçut la silhouette de Marco se détachant sur fond de foule anonyme. Tandis qu’il approchait, Ophélien élabora tout un tas d’éventualités. Le joli vendeur le regardait fixement à mesure qu’il avançait dans sa direction. Ce qui mit le feu à l’imagination de l’homme étendu sur le sable. Mais Marco passa devant lui sans s’arrêter, le glaçant de déception.

Cependant, la serviette d’Ophélien à peine dépassée, Marco continua d’avancer, mais en marchant beaucoup plus lentement et en tournant la tête vers lui dans un regard très clairement plein d’appels.  Le jeune homme plia ses affaires à la hâte, les fourra sans précaution dans son sac à dos et lui emboîta le pas.

Marco s’en retournait dans l’arrière-boutique du restaurant de plage qui l’engageait. L’endroit était désert, habité seulement par le ronronnement d’immenses bahut réfrigérants. Le vendeur déposa sa glacière vide sur l’un deux. Il se retourna vers Ophélien qui avait pénétré derrière lui dans le petit local, puis, écartant grand les bras pour désigner les frigos, il lança un tonitruant « BOISSONS FRAICHES ! ».

Ophélien claqua la porte d’un coup de pied et se rua dans les bras restés ouverts. Entre eux, la glace était brisée depuis un moment déjà, et sans chichis, ces deux chouchous s’appliquèrent à faire grimper leurs températures respectives. Le soleil était couché depuis longtemps quand ils ressortirent de la cabane pour en faire autant et pour illuminer la nuit des éclats de leur vigueur ….

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