…ça passe crème….

Rachel et Valentin étaient en couple depuis quelques mois. Une jolie relation. Dénuée toutefois de ce brin de folie auquel on peut aspirer au début d’une histoire.
Les parents de Rachel possédaient un appartement de vacances et les deux étudiants y avaient convié trois amis à un long weekend avec eux. Le couple avait donc été rejoint par Christophe, Sandra et Yael, qui tous étaient inscrits avec eux en fac de droit.
L’été indien leur avait permis de profiter de beaux jours encore et de quelques baignades à la plage qui bordait le petit logement. Ils s’étaient ébattus comme des enfants dans les vagues, avaient délié leurs corps dans de longues parties de beachvolley ponctuées d’éclats de rire aux bêtises des uns et des autres. Une jolie insouciance berçant leur séjour…
Le deuxième soir, au retour de la plage, ils avaient fait halte dans un troquet et partagé un immense plateau de fruits de mer arrosé d’un blanc sec qui leur était légèrement monté à la tête. Dans les rues qui les ramenaient au bercail, les démarches étaient joyeuses, l’ambiance potache. Bras dessus bras dessous, ces vieux écoliers se chamaillaient allégrement, alignant les petites provocations dans tous les sens.
De retour à l’appartement, chacun avait pris une rapide douche pour ne pas épuiser l’eau chaude du minuscule cumul qui s’y trouvait. Puis on s’était mis à la tâche pour l’organisation du couchage dans ce lieu bien exigu pour cinq. Le canapé lit avait été déplié dans un grincement qui avait provoqué l’hilarité générale. Le gonflage du matelas pneumatique double avait été une autre occasion de rigolade, chacun se poussant pour appuyer à son tour sur l’antique pompe servant son installation. Un tapis en mousse avait enfin été déroulé pour compléter l’ installation. La nuit pouvait venir…

Un fond de musique se déversait dans l’unique petite pièce par l’entremise d’une enceinte placée au milieu d’eux, et chacun y allait de ses propositions musicales dans un climat bon enfant. La lampe du miroir de la salle de bains était restée allumée et berçait la pièce d’un rai de lumière tamisée qui projetait de jolies ombres sur leurs peaux halées. Rachel et Valentin étaient blottis l’uns contre l’autre dans le canapé lit. A leurs pieds, Yael et Christophe se partageaient le pneumatique tandis que Sandra était collée à eux sur le tapis de mousse.

Entre deux anecdotes et trois histoires drôles, Sandra demanda si quelqu’un pouvait lui passer du lait après-solaire dans le dos. Grand seigneur, Christophe annonça se dévouer pour cette mission. Sandra remonta son tee-shirt sur ses épaules alors que les conversations allaient toujours bon train. Les mains de Christophe se promenaient sur son dos au rythme de Black Coffee. Peu à peu le volume des bavardages diminua, tandis que les regards se faisaient de plus en plus insistant vers le crémeur et la crémée.. Les autres protagonistes se sentaient légèrement voyeurs de cette intimité naissante que rien n’avait laisser présager.
Bientôt les conversations cessèrent totalement et toute l’attention se centra sur le dos nu de Sandra que Christophe caressait à présent l’air presqu’alangui. « Your Eyes » occupait seul le paysage sonore, ponctué de leurs cinq respirations.

Rachel quitta l’étreinte et le canapé lit pour venir à son tour s’emparer du flacon de crème apaisante. Elle en fit couler dans sa main et promena son regard autour d’elle, afin de croiser la paire d’yeux qui lui donnerait l’indication de la suite des événements. Ce sont ceux de Yael qui l’appelèrent. L’instant d’après, un coup d’œil de Valentin lui envoya bien plus qu’on consentement tacite : un encouragement.

Rachel fut traversée d’un frémissement d’être ainsi galvanisée par son petit copain d’ordinaire plutôt dans la retenue. Elle s’agenouilla derrière Yael qui était déjà torse nu juste à côté d’elle. Dans une unisson incroyable, les autres se figèrent, et l’attention fut portée sur les mains de Rachel étalant l’onctueux liquide sur la peau d’un Yael frissonnant. Christophe repris ses gestes, se synchronisant sur ceux de Rachel.

A la grande surprise de celle-ci, Valentin s’approcha à son tour, se servit également de crème et fit tout comme elle tourner son regard dans la pièce, comme pour obtenir le déclic de la suite. C’est avec Sandra que cela se produisit. Elle enleva complètement le tee-shirt qu’elle n’avait jusqu’alors que remonté sur ses épaules.

Sa poitrine tendue fit tourner toutes les têtes. Valentin posa ses mains sur ces seins qui s’offraient à lui et qu’il blanchit de lait après-solaire, encouragé à son tour par le sourire de sa Rachel. Yael enduisit lui aussi ses mains et en fit balader une sur la cuisse de Valentin et une autre sur celle de Christophe. Une sorte de « moto perpetuo » s’instaura durant un moment, porté par la musique qui les enveloppait toujours. Une machine à caresses que Jean Tinguely lui-même aurait rêvé d’inventer.

Puis, leurs mouvements se muèrent en une sorte de Shiva à cinq têtes. Ils n’étaient plus qu’un ensemble de caresses protéiformes, chaque centimètre de leurs épidermes allant se frotter à tous les autres. Un mélange de seins, de cuisses, de ventres, de sexes, de langues, de gémissements, de fluides les porta jusqu’au bout de la nuit qu’ils terminèrent entremêlés, épuisés et heureux…