Serti(pas)sage

Durée: 6 min 47 sec
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Serti(pas)sage


 

Il était une fois un homme aux bourses bien pleines, qui était follement épris d’une jeune et belle filles de par-delà l’Oural. Chaque jour que Dieu faisait, il n’avait de cesse de la combler par tous les moyens possibles. Son imagination n’avait d’égale que son adoration dispendieuse.

Depuis le jour béni de leur rencontre, ayant emprunté une voie aussi virtuelle que précipitée, il avait dans l’instant succombé à la superbe de la sublime. Son regard s’était immédiatement perdu le long de ses courbes vallonnées, pour ensuite se noyer dans l’azur artificiel et néanmoins profond de ses yeux lentillés.

Pas ingrate pour un rouble, la jeunesse avait su témoigner reconnaissance à ce chevalier tombé du net qu’ elle couvrait de roucoulades tandis qu’il la couvait des yeux. Ils s’étaient au cours du temps tissé une jolie relation, perlée çà et là de voyages, de bijoux et de sacs de marque. L’homme quant à lui recevait en cadeau quotidien la présence fraîche et douce de sa nouvelle moitié.

Quand arrivait le onzième mois de l’année, que d’aucuns qualifient de morne et désolant, l’homme redoublait d’idées pour fêter dignement le nouvel anniversaire de leurs noces. Les festivités organisées semblaient d’année en année sur une voie exponentielle qui ravissait vivement la jeune épousée.

L’homme avait eu vent d’un joailler de la place, qui mettait son savoir-faire et des matériaux de grande qualité, au service d’une créativité d’une belle poésie. Il avait donc conduit sa belle dans la boutique en question pour observer du coin de l’œil si cette dernière se montrerait sensible au savoir-faire du bijoutier. Il ne fut ni déçu ni surpris en s’apercevant que dans un premier temps son épouse avait été séduite par le buste fier et bien taillé de l’artisan se penchant vers eux pour le saluer.

L’homme leur avait fait découvrir son arcade avec une passion communicative. Il leur avait expliqué avec force détails le processus de création de nombreuses pièces, entrainant derrière lui ses deux visiteurs conquis. Son accent croate ajoutait une touche de charme supplémentaire à ses envolées explicatives.

Ayant fait le tour des diverses vitrines qui bordaient l’élégante boutique, ils prirent tous trois place dans de confortables fauteuils dont les dossiers en velours marine se terminaient en volutes. Le joailler semblait n’avoir pas aperçu la sublime paire de jambes croisées sous ses yeux, ni les tout aussi sublimes lapis-lazuli qui brillaient dans le regard de sa future cliente. Le sien allait du mari à la femme, sachant pertinemment qui commanderait et qui règlerait la facture.

Madame s’était arrêtée sur une paire de boucle d’oreilles en forme de gouttes…deux larmes de tanzanite s’échappant de calices en or blanc ciselé. Leur réalisation leur avait été joliment racontée, et ils savaient que l’intérieur des petits cônes d’or avait été nervuré avec amour.

Mais Monsieur souhaitait offrir une création faite à dessein pour son épouse. Il se pencha vers le bijoutier, comme si l’ambiance feutrée du magasin n’amenait pas encore suffisamment d’intimité à la suite de la conversation.

« Nous souhaiterions que vous créiez une paire de boucles d’oreilles inspirées de celles-ci…mais…dont…euh….l’arrondi …euh…reprendrait exactement la forme des seins de Kira. Un moment de silence suivit la demande particulière de l’homme.

Dix-huit jour plus tard, Kira franchissait à nouveau le seuil de la joaillerie dans un chemisier blanc vaporeux et transparent au bras de son généreux mari. Ils retrouvèrent l’artisan, qui avait donc accepté de satisfaire leur demande, dans le laboratoire adossé à la partie d’exposition où ils s’étaient vus précédemment.

Ce dernier tira discrètement la porte derrière le couple, et désigna de la main un siège recouvert de plastique, à côté duquel trônait une bassine d’eau tiède et des bandes de plâtre. Kira retira son chemiser et frissonna en prenant place sur le siège. Son mari, prétextant une maladresse totale, avait décidé de laisser le bijoutier s’occuper de la création du moulage.

L’artisan trempa doucement une bande de plâtre dans l’eau et vint la placer sous la poitrine de la jeune femme qui frémit de plus belle. La seconde lui fit frôler ces deux globes laiteux. La troisième les lui fit toucher franchement afin de mettre en place les bandes de la manière la plus lisse possible.

Le téléphone du mari sonna, l’obligeant à sortir de l’atelier pour plus d’intimité. Il tira partiellement la porte derrière lui et entama sa conversation. Sans cesser l’échange, il se retourna et un jeu de miroir fortuit lui fit apercevoir sa femme trembler sous les bandes de plâtre qui désormais se faisaient caresses en son absence. Les doigts habiles du sertisseur se promenaient sur les seins d’albâtre glissants d’une Kira qui ne pouvait plus cacher son plaisir.

Elle attira le joailler contre elle, l’humidité du plâtre faisant comme une membrane sensuelle entre leurs deux torses. Elle enroula ses deux jambes autour de lui et l’attira tout contre elle en plaquant sa main contre sa nuque. C’est alors que le mari revint, mais le bijoutier comprit immédiatement que son retour faisait partie de la suite de l’anniversaire. Il mit en marche le compresseur posé juste à sa droite pour couvrir la suite de leurs ébats…

« C’est toi aussi mon cadeau » lui souffla Kira à l’oreille alors qu’un long gémissement venait se perdre dans le bruit de la machine….

 

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