« Respirez profondément ! »
D’ordinaire c’est lui qui est à sa place…
Il connait parfaitement la manière dont les choses vont se dérouler. Il sait les gestes. Ceux d’avant. Les préliminaires en quelque sorte. Il sait ses mains sous l’eau tiède et le savon qui mousse entre ses doigts qu’elle frotte avec application. Il sait les gestes de maintenant et ceux à venir. Il connait le scénario sur le bout des doigts. Et pourtant il n’est pas confiant. Pas tout à fait confiant.
Il la regarde. Elle est belle en blanc. Il ne la connait pas. Normal il est si loin de chez lui. Elle est calme à souhait. Sa voix est tendre avec un rien de slave. Elle a l’air méticuleuse car elle n’omet aucune étape. Ses mots sont précis et concis mais elle sait améliorer ces questions incontournables d’un regard chaud qui se veut, peut-être, plus que rassurant.
Entre eux deux, une statuette de bronze met en valeur le joli mouvement de deux corps peu vêtus dans une danse champêtre. Les pleins et les déliés de métal brillant jettent sur leur conversation des éclats d’une sensualité inhabituelle pour un porte-crayons. Ou alors n’est-ce que la mise en lumière de ce qui va irrémédiablement se produire ?
Trêve de paroles, elle lui demande à présent d’enlever sa chemise et de s’allonger. Il s’exécute, conscient de son regard dans son dos. Le skaï est froid sous la fine couche du drap d’examen. Mais ses frissons ne lui sont pas essentiellement imputables. La légère fièvre qui lui tient au corps depuis quelques jours n’y est pour rien non plus.
Le métal du stéthoscope est plus froid encore, qui vient contraster avec l’autre main de la femme qui se fait rassurante sur son épaule. Dans l’instant il imagine la puissance de ses battements cardiaques en pleine ébullition venant frapper aux oreilles de ce corps médical qui commence à l’affoler.
Elle ausculte son abdomen, très professionnellement, quand soudain, de manière presque imperceptible, l’un de ces gestes, puis un autre, s’attardent un peu plus, laissant trainer comme une caresse entre les palpations d’usage.
Elle lui demande de s’asseoir au bord de la banquette, les pieds ballants. Elle passe derrière lui, se rapproche pour lui dire « Respirez profondément ! ». Ce faisant, son sein droit effleure le dos de l’homme qui semble alors l’attirer comme un aimant. Elle reste quelques longs instants collée contre son malade.
L’homme en a assez d’être patient. A présent il retrouve ce sens des initiatives qui le caractérise en consultation. Il saisit le poignet de la femme pour la faire repasser devant lui. De son autre main, il dégrafe sa blouse et leurs deux torses nus se fondent. Leur désir décuple à chaque seconde. L’anamnèse prend des allures frénétiques et chacun calque la cadence de son bassin sur celle de l’autre.
Plus rien, plus personne n’est à sa place quand tout le monde joue au docteur. La salle de consultation n’est même plus ce lieu de diagnostic de la fièvre et devient celui brûlant de leurs ébats. Et eux deux de n’avoir de cesse de ….respirer profondément, respirer profondément, respirer profondément !
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