Description
Steward
Marie n’a jamais été spécialement attirée par les uniformes. Lui ce n’est pas que l’uniforme lui donne du prestige…ce serait plutôt sa beauté renversante qui en donnerait à la tenue réglementaire de sa compagnie d’aviation. Son sourire qui n’a rien de commercial ni de forcé met la touche finale à cette splendeur qu’il dégage.
Marie voyage avec Paul, son mari depuis une grosse dizaine d’années. Ils se sont connus jeunes et n’ont pas encore d’enfants. Ils forment ce qu’on a coutume d’appeler un couple sans histoires. Ils reviennent sereins et bronzés d’une belle quinzaine de vacances à Madagascar. Dans quelque partie du monde que ce soit, leurs relations sont d’une stabilité à toute épreuve. Dans un petit coin de leurs têtes, il y a cette idée que peut-être Marie revient enceinte de ces deux semaines de congé.
Elle n’est pas d’un naturel séducteur. Paul n’est pas d’un naturel jaloux. Ils vivent un amour solide, sans réelle passion assurément, mais les épanouissant tous deux. Leurs amis envient ce couple aux disputes rarissimes. Leur intérieur est soigné et d’un bon goût extrême. Ils exercent des professions qu’ils aiment et dans lesquelles ils se sentent bien, ont une vie sociale et culturelle satisfaisantes, de bons rapports avec leurs familles respectives. Sportifs et soucieux de mode, ils sont pleins de charme mais n’en abusent pas…
Pourtant, à l’intérieur d’elle-même, dans un petit coin dont elle n’est pas même consciente, Marie s’ennuie, Marie bouillonne, Marie trépigne. Quand elle entre dans cet avion qui les ramène à leur chez eux, à leur quotidien, elle ne se doute pas que cette minuscule portion d’elle va d’un seul coup l’envahir.
Paul passe le premier, tirant derrière lui leur petite valise de cabine, remplie de ces quelques souvenirs faisant trace du beau séjour qu’ils viennent de vivre. Marie le suit, munie de leurs magazines de mots croisés pour le vol. Le personnel de bord accueille les passagers à l’entrée de la cabine, en compagnie du capitaine, visible pour l’occasion. Il y a là deux hôtesses, mignonnes mais somme toute assez fades. Et Danak, le steward à la beauté hors normes.
De mère malgache et de père indonésien, il a le teint mat, des cheveux presque ras mais que l’on devine très foncés. Sa bouche est presque brune, rendant ses dents parfaites encore plus blanches. Ses épaules sont solides sans excès. Sa chemise impeccable épouse un ventre que l’on devine plat. Son pantalon noir à pli tombe divinement sur ses fesses. Ses grandes mains aux ongles rose clair ont des gestes gracieux. Sa voix grave semble dérouler un tapis moelleux sous la mélodie d’une pointe d’accent charmant.
A l’instar de ses collègues, il salue cordialement les voyageurs entrant dans l’appareil. Quand Marie pénètre dans le cockpit, il y a entre eux comme une décharge d’énergie invisible, mais d’une force renversante. Elle l’efface aussi instantanément qu’inconsciemment. Lui s’y plonge, dans l’instant décidé à la faire fleurir. Il la regarde suivre son mari qui est en train de chercher leurs places. Danak ne les laisse pas même s’installer et fond sur eux. Sans préméditation ni vérification aucune, il leur propose deux places en première classe, prétextant une meilleure répartition des passagers dans la cabine. Marie et Paul acceptent de bon cœur, tout heureux d’être ainsi victimes d’un sort si avantageux.
Danak les installe alors dans une large rangée vers l’avant de l’appareil, juste avant ce rideau symbolisant la limite entre les nantis et les autres. Il leur fait bénéficier des privilèges compris dans un tarif dont ils ne se sont pourtant pas acquittés. Couvert de cadeaux, Paul se montre ravi de cette compagnie aérienne dont il ne cesse de vanter les mérites. Marie, ne pouvant bientôt plus ignorer les regards insistants du steward, commence à comprendre que le hasard n’a rien à voir dans cette histoire. Dans un premier temps, elle se montre assez insensible, voire fermée, face au charme ravageur de Danak, que Paul semble n’avoir pas même remarqué. Les fréquents passages de l’homme entre les rangées, la largeur de son sourire, l’éclat de son regard finissent par avoir le dessus. Elle l’observe désormais, à la dérobée certes, mais avec un intérêt grandissant. Dans son for intérieur, elle rit gentiment de son mari qui n’a rien perçu de ce qui se trame entre sa Marie et cet autre homme.
Paul finit par s’endormir sur ses mots croisés. Marie est bien trop émue pour succomber au sommeil. Maintenant qu’il dort, elle peut se laisser aller plus librement à rendre ses regards appuyés au beau steward. Il lui apporte une serviette chaude qu’elle déroule afin d’en parfumer sa peau de l’odeur brûlante. C’est alors qu’un petit billet en tombe. « Rejoins-moi » lit-elle sans avoir le moindre doute sur l’expéditeur de ces deux mots troublants. C’est comme si en un instant elle était une autre. La gentille Marie raisonnable, celle qui pense que la profession de steward ne compte que des chauds lapins, la femme fidèle de Paul…cette femme n’est jamais montée dans l’avion. Seule la petite portion de Marie qui dort sagement au fond d’elle d’habitude a pris place sur ce vol. Et elle vient de se réveiller !
En prenant bien garde de ne pas le réveiller, elle enjambe son mari endormi sans la moindre trace de culpabilité. Elle se dirige vers l’arrière du Boeing, où elle a vu disparaître Danak quelques minutes auparavant. Il la saisit par le poignet, les soustrayant lestement tous les deux au regard du monde, et la pousse avec douceur mais persuasion dans un minuscule local réservé au personnel de bord. Il verrouille la porte derrière eux.
En urgence, en manque de place, en manque de temps, ils se font l’amour. S’offrant totalement à l’autre et à la puissance de l’instant. Ils le font comme une première fois, comme une dernière fois. Avec l’intensité grave de ces moments que l’on sait uniques. Avec cette folie douce que nourrit l’interdit.
Les quelques dernières secondes que durent ces instants volés sont consacrées à faire revenir leurs respirations à la normale, à éponger leurs fronts suants d’un orgasme ravageur, à faire disparaître de leurs vêtements les stigmates de la jouissance rare qu’ils viennent de partager.
Marie repart à sa place, Danak à son travail. Dans l’avion, pas plus que dans leurs vies, rien n’a changé. Pourtant ils ont l’intime et délectable conviction de n’être plus tout à fait les mêmes…
Marie voyage avec Paul, son mari depuis une grosse dizaine d’années. Ils se sont connus jeunes et n’ont pas encore d’enfants. Ils forment ce qu’on a coutume d’appeler un couple sans histoires. Ils reviennent sereins et bronzés d’une belle quinzaine de vacances à Madagascar. Dans quelque partie du monde que ce soit, leurs relations sont d’une stabilité à toute épreuve. Dans un petit coin de leurs têtes, il y a cette idée que peut-être Marie revient enceinte de ces deux semaines de congé.
Elle n’est pas d’un naturel séducteur. Paul n’est pas d’un naturel jaloux. Ils vivent un amour solide, sans réelle passion assurément, mais les épanouissant tous deux. Leurs amis envient ce couple aux disputes rarissimes. Leur intérieur est soigné et d’un bon goût extrême. Ils exercent des professions qu’ils aiment et dans lesquelles ils se sentent bien, ont une vie sociale et culturelle satisfaisantes, de bons rapports avec leurs familles respectives. Sportifs et soucieux de mode, ils sont pleins de charme mais n’en abusent pas…
Pourtant, à l’intérieur d’elle-même, dans un petit coin dont elle n’est pas même consciente, Marie s’ennuie, Marie bouillonne, Marie trépigne. Quand elle entre dans cet avion qui les ramène à leur chez eux, à leur quotidien, elle ne se doute pas que cette minuscule portion d’elle va d’un seul coup l’envahir.
Paul passe le premier, tirant derrière lui leur petite valise de cabine, remplie de ces quelques souvenirs faisant trace du beau séjour qu’ils viennent de vivre. Marie le suit, munie de leurs magazines de mots croisés pour le vol. Le personnel de bord accueille les passagers à l’entrée de la cabine, en compagnie du capitaine, visible pour l’occasion. Il y a là deux hôtesses, mignonnes mais somme toute assez fades. Et Danak, le steward à la beauté hors normes.
De mère malgache et de père indonésien, il a le teint mat, des cheveux presque ras mais que l’on devine très foncés. Sa bouche est presque brune, rendant ses dents parfaites encore plus blanches. Ses épaules sont solides sans excès. Sa chemise impeccable épouse un ventre que l’on devine plat. Son pantalon noir à pli tombe divinement sur ses fesses. Ses grandes mains aux ongles rose clair ont des gestes gracieux. Sa voix grave semble dérouler un tapis moelleux sous la mélodie d’une pointe d’accent charmant.
A l’instar de ses collègues, il salue cordialement les voyageurs entrant dans l’appareil. Quand Marie pénètre dans le cockpit, il y a entre eux comme une décharge d’énergie invisible, mais d’une force renversante. Elle l’efface aussi instantanément qu’inconsciemment. Lui s’y plonge, dans l’instant décidé à la faire fleurir. Il la regarde suivre son mari qui est en train de chercher leurs places. Danak ne les laisse pas même s’installer et fond sur eux. Sans préméditation ni vérification aucune, il leur propose deux places en première classe, prétextant une meilleure répartition des passagers dans la cabine. Marie et Paul acceptent de bon cœur, tout heureux d’être ainsi victimes d’un sort si avantageux.
Danak les installe alors dans une large rangée vers l’avant de l’appareil, juste avant ce rideau symbolisant la limite entre les nantis et les autres. Il leur fait bénéficier des privilèges compris dans un tarif dont ils ne se sont pourtant pas acquittés. Couvert de cadeaux, Paul se montre ravi de cette compagnie aérienne dont il ne cesse de vanter les mérites. Marie, ne pouvant bientôt plus ignorer les regards insistants du steward, commence à comprendre que le hasard n’a rien à voir dans cette histoire. Dans un premier temps, elle se montre assez insensible, voire fermée, face au charme ravageur de Danak, que Paul semble n’avoir pas même remarqué. Les fréquents passages de l’homme entre les rangées, la largeur de son sourire, l’éclat de son regard finissent par avoir le dessus. Elle l’observe désormais, à la dérobée certes, mais avec un intérêt grandissant. Dans son for intérieur, elle rit gentiment de son mari qui n’a rien perçu de ce qui se trame entre sa Marie et cet autre homme.
Paul finit par s’endormir sur ses mots croisés. Marie est bien trop émue pour succomber au sommeil. Maintenant qu’il dort, elle peut se laisser aller plus librement à rendre ses regards appuyés au beau steward. Il lui apporte une serviette chaude qu’elle déroule afin d’en parfumer sa peau de l’odeur brûlante. C’est alors qu’un petit billet en tombe. « Rejoins-moi » lit-elle sans avoir le moindre doute sur l’expéditeur de ces deux mots troublants. C’est comme si en un instant elle était une autre. La gentille Marie raisonnable, celle qui pense que la profession de steward ne compte que des chauds lapins, la femme fidèle de Paul…cette femme n’est jamais montée dans l’avion. Seule la petite portion de Marie qui dort sagement au fond d’elle d’habitude a pris place sur ce vol. Et elle vient de se réveiller !
En prenant bien garde de ne pas le réveiller, elle enjambe son mari endormi sans la moindre trace de culpabilité. Elle se dirige vers l’arrière du Boeing, où elle a vu disparaître Danak quelques minutes auparavant. Il la saisit par le poignet, les soustrayant lestement tous les deux au regard du monde, et la pousse avec douceur mais persuasion dans un minuscule local réservé au personnel de bord. Il verrouille la porte derrière eux.
En urgence, en manque de place, en manque de temps, ils se font l’amour. S’offrant totalement à l’autre et à la puissance de l’instant. Ils le font comme une première fois, comme une dernière fois. Avec l’intensité grave de ces moments que l’on sait uniques. Avec cette folie douce que nourrit l’interdit.
Les quelques dernières secondes que durent ces instants volés sont consacrées à faire revenir leurs respirations à la normale, à éponger leurs fronts suants d’un orgasme ravageur, à faire disparaître de leurs vêtements les stigmates de la jouissance rare qu’ils viennent de partager.
Marie repart à sa place, Danak à son travail. Dans l’avion, pas plus que dans leurs vies, rien n’a changé. Pourtant ils ont l’intime et délectable conviction de n’être plus tout à fait les mêmes…
Jacky Sanders –
magnifique fort et troublant… on vit chaque personnage simultanément, on est Danak touché brutalement, on est Marie qui bascule… on est Paul qui ne voit rien ou ne veut pas voir.
très belle écriture