Sans gêne dans Gênes

Durée: 4 min 14″
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Sans gêne dans Gênes


 

Dans Gênes, le jour finissant peine à apporter à l’atmosphère une fraîcheur tant attendue. Le ciel est d’une netteté que d’aucune canicule ne saurait troubler de ses Celsius. Le bleu vire au rose orangé, mais sans rien embraser. La clameur de la ville ne se perçoit presque plus depuis ces environs de San Lorenzo. La voussure céleste fige la capitale ligurienne dans un instantané sublime de chaud et de curieusement calme. A deux pas du golfe, le toit d’ocre d’un café se détache dans l’heure bleutée….

Dans l’heure bleutée, le cœur du café bat à présent à l’heure du crépuscule. L’agitation du matin et de l’expresso brûlant avalé à la hâte est éteinte depuis bien longtemps. La foule pressée du midi qui repart travailler a elle aussi quitté les lieux. La petite salle au mobilier dépareillé s’est presqu’offert le luxe d’une sieste lascive, dont la fin de journée l’extrait doucement. Boire un café pour sortir de la léthargie d’un après-midi qui tire en longueur dans la douceur de ses heures.

Dans la douceur de ses heures de fin de jour, le café retient son souffle avant l’animation de la nuit. Petite parenthèse de répit avant de voir débarquer ceux qui commencent leur soirée, puis ceux qui la terminent. Plus fatigués, plus gris sans doute. Préliminaires et conclusion de fête. Mais pour le moment, l’ambiance est à la tranquillité. Derrière le bar, une serveuse essuie mollement des verres, le regard dans le vide. Aux quatre coins du café, les enceintes déversent discrètement quelques notes sucrées.

Quelques notes sucrées se glissent jusqu’au fond du bar. Elles atteignent la petite table ronde derrière la colonne. Un couple. Deux campari à moitié bus qui rougissent les verres sur le marbre cerclé de laiton. Les cacahuètes sont délaissées dans une coquille saint Jaques faisant office de coupe… les doigts se sont cherchés, trouvés et accrochés. Par-dessus l’apéro en suspens, les mots tressent des élans de séduction.

Des élans de séduction rapprochent les corps qui épousent l’arrondi de la table pour se rapprocher plus encore. Pieds de chaises qui glissent sur leurs patins de plastique, genoux qui se frôlent, cuisses qui se trouvent. Ils sont seuls dans ce coin du café et la serveuse a compris qu’ils ne consommeraient plus.... Les conversations perdent de leur banalité pour gagner en audace, les regards alternent entre effronterie et sourires de moins en moins gênés.

De moins en moins gênés, ils partent à présent à la découverte de ces quelques horizons de peau que le lieu leur permet. Chaque nouvelle contrée d’épiderme découverte apporte son lot de frissons et d’envies d’encore. Le café leur offre ses dernières minutes de calme avant la sortie des restaurants. Ils savent que l’intimité de l’arrière-salle leur sera bientôt retirée. Alors ils s’enhardissent. Il avance sa main, délaisse le marbre, trouve la chaleur de sa cuisse sous l’organdi de la jupe. Il fait plus chaud encore dans sa culotte.

Dans sa culotte….

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