Évidanse

Durée: 5 min 17 sec
Lien musical: Ella Grace « Unfree »
© Dans tous les sens

Catégories : ,

Évidanse


Elle ne savait sans doute pas que je pouvais la voir. Que quiconque pouvait la voir d’ailleurs. Et la découvrir ainsi n’avait pas été le fruit de ma volonté.

Ce matin-là, dans les bois aux alentours de chez nous, je promenais Vibert, notre berger australien. Il raffolait de ces balades avec moi, durant lesquelles je pouvais le laisser s’ébattre dans la campagne, sauter dans la rivière non loin et revenir crotté de la truffe aux pattes. Nous aimions découvrir de nouveaux passages dans les bosquets, trouver un coin de plage désert où prendre le soleil de cet été indien.

Alors que nous rentrions, sur un chemin bordant un immense champ fraichement retourné, j’avais découvert une percée dans les arbres qui permettait d’apercevoir notre chez-nous. Vibert courattait de gauche et de droite et je restai un moment le regard dans le vague, dirigé vers la maison.

C’est alors que je la vis. Ma femme. Elle portait cette longue robe gris clair à capuche qui épousait si bien ses fesses et ses seins. La distance ne pouvait me le confirmer, mais j’étais sûr qu’elle était nue en dessous. Ce dont j’étais certain par contre, c’est qu’elle avait ses airpods dans les oreilles. D’abord parce que je savais bien qu’elle écoutait de la musique en permanence. Mais surtout parce qu’elle était en train de danser. Pieds nus dans l’herbe mouillée. D’abord doucement, ondulant de manière presque imperceptible ses hanches, puis de plus en plus librement, souplement.

Oubliant mon chien qui trouvait assurément de quoi suivre des traces exaltantes autour du champ, je me plongeai dans l’observation fervente des mouvements d’Albertine. Le tempo ne semblait pas varier au fil des minutes. Mais je savais qu’elle adorait écouter un titre en boucle quand il convenait à son humeur du moment. J’étais trop loin et trop caché pour qu’elle puisse m’apercevoir. Mais assez près pour voir ses courbes agiter le tissu, entre déliés sensuels et coup de hanches ou d’épaules rythmés.

Par moment elle penchait sa tête en arrière pour chantonner un refrain que je n’entendais pas, dégageant son cou que j’aurais volontiers embrassé dans l’instant. Elle se mit à dessiner des volutes dans l’air avec ses bras, sans cesser de tanguer en cadence avec le reste du corps. Ses poignets roulaient comme si elle cajolait l’air. Cette évocation de ses caresses donna le signal de départ à une excitation grandissante chez moi.

Toujours dans ma cachette de verdure, je pouvais à présent l’apercevoir passer ses mains dans ses cheveux, tout en poursuivant ses ondoiement, ses doigts se promener sur ses joues, sa gorge, son torse…ses seins…
Je laissai mes mains prendre le même itinéraire sur mon propre corps, tout en restant presque immobile pour ne pas me faire découvrir. Mais, Albertine ne poursuivit pas plus loin sa danse-câlins.

Motivé par les signes évidents d’une envie folle, je sifflai Vibert et nous reprîmes le chemin du retour. A peine la porte d’entrée poussée, je sus immédiatement que ma femme était dans le salon, avec la même musique, à plein volume. La proximité et ses tétons bien visibles me confirmèrent qu’elle était nue sous sa robe. Et elle dansait toujours. A présent je l’entendais chanter. There’s no need to live unfree…no need to live unfree…no need to live unfree.

Elle me sourit. Un sourire d’invitation bien plus que de politesse ou de simple bonheur. Je m’approchai et calai mes mains sur ses hanches. Nos corps se mirent immédiatement à l’unisson de mouvements fluides grâce auxquels nos bassins vinrent se souder l’un a l’autre.

Elle était là notre liberté ; celle de s’accrocher l’un a l’autre avec fougue. Et nous revendiquâmes ce droit avec force. Ella Grace nous embarqua dans ses mots et sa rythmique et nous nous retrouvâmes sur le moelleux du tapis qui vint absorber la suite de nos ondulations.

Albertine fut vite nue avec cette seule robe à envoyer valser à l’autre bout du salon dans un « no need to live unfree » emballé d’un éclat de rire. Je la rejoignis dans sa nudité en enlevant avec son aide canaille les vêtements qui restaient de ma balade. Nos corps n’avaient pas cessé de marquer la cadence et nous chantions à présent tous les deux à tue-tête, dans une danse horizontale qui se mit peu à peu à ralentir.

Dédoublant le tempo, nous atterrîmes dans une forme de langueur délicieuse. J’étais entré en elle avec douceur, tandis que nos peaux ne se quittaient pas…

 

Avis

Il n’y a pas encore d’avis.

Soyez le premier à laisser votre avis sur “Évidanse”

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *