Nouvel-An

Durée: 9 min 33 sec
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Nouvel-An


 

Je n’aime pas ces quelques heures qui incitent certains à lâcher toutes les retenues qui font leur grisaille au quotidien. Je n’aime pas cette obligation d’y être drôle et fou. N’ayant rien organisé, ne m’étant pas greffée à quelque groupe de mes amis, je me retrouve donc seule, et pas malheureuse de l’être, pour cette nuit dont la prétendue particularité me touche somme toute assez peu.

Je sors de chez moi dans une obscurité moins glaciale que ce à quoi je m’attendais et pars errer dans ces concerts que la vieille ville accueille à l’occasion. Autour d’une fontaine à l’eau arrêtée, se masse une foule dansante et compacte dans un rythme pop gai et entrainant. Pas très convaincue pour commencer, je m’y glisse toutefois…surtout pour y réchauffer mon corps que le froid a fini par rattraper. Comme c’est souvent le cas, la musique me capture. Elle imprime à mes membres ces mouvements grisants dans lesquels je m’abandonne.

La masse humaine qui m’entoure est dans un premier temps relativement uniforme. Puis, des visages s’y dessinent. Aucun de connu cependant. Je poursuis donc mes ondulations solitaires qui finissent par attirer clairement le regard d’un beau gosse dans la force de sa jeunesse, à quelques corps de moi. Nous mettons lui et moi moins de distance entre nous et échangeons alors les quelques mots d’usage. Ces derniers me révèlent son prénom, son état civil, sa nationalité italienne, et ses sept ans de moins que moi !

Pendant un long moment, nous dansons l’un avec l’autre. Puis l’un contre l’autre. Nos quelques bribes de conversation m’indiquent clairement qu’il a cette forme d’esprit piquant et réactif qui me plait tant. Je saupoudre nos regards de sourires lui disant mon intérêt pour ce qu’il est. Il me les rend, épicés d’une envie de plus évidente.

Nous décidons alors d’aller nous réchauffer et accorder encore un peu plus nos atomes crochus autour d’un verre. Un de ces vieux cafés chaleureux de la vieille ville nous ouvre ses bras à quelques minutes de là. L’atmosphère  du lieu, qu’aucune obligation légale n’avait encore protégé de l’enfumage, nous saisit à la gorge. Guidés de ce désir de nous connaître mieux, nous fendons le brouillard jusqu’à l’arrière salle, qui en est vaguement moins polluée.

Serrés entre les deux groupes joyeusement éméchés qui nous encadrent sur la banquette, nous tissons un joli dialogue, mêlé de mots d’esprit et de rires. Levant la tête à l’occasion du premier blanc dans la conversation, nous apercevons au même instant une jeune femme seule, installée à la table faisant face à la nôtre. Son regard noir et profond ne nous quitte pas. Elle ne détourne pas les yeux alors que lui et moi la fixons ensemble, comme sous le charme hypnotique de son expression.

Mon joli Rital du soir se lève et la convie à se joindre à nous, sans qu’étrangement je n’en conçoive la moindre jalousie. Assise cette fois à quelques centimètres de nous, elle conserve cependant une espèce de mystérieuse distance, se mêlant peu à notre conversation. Sa présence est autre, plus spirituelle. Elle sourit à nos plaisanteries et ses dents parfaites viennent encore illuminer un visage à la beauté rebelle. Notre trio se solidifie ainsi jusqu’à l’heure où, toutes les autres tables ayant substitué des chaises relevées aux clients enivrés sans que l’on s’en rende compte, le patron nous demande poliment de sortir.

Retour à l’air glacial du dehors qui cette fois nous semble intolérable après la tiédeur agréable du bistrot et de nos liens naissants. Lui vit à l’autre bout du canton. Elle habite avec deux copines. Nous décidons donc de poursuivre chez moi cette nuit bientôt  finissante. Le trajet qui nous sépare de mon accueillant petit appartement se pare d’un silence presque gêné, comme si la prémonition de la suite nous intimidait quelque peu. Il nous faut de longues minutes et un feu de cheminée pour recréer l’ambiance que le cocon enfumé du café avait su nous tisser.

Il vient s’asseoir entre nous deux sur le canapé beige peau. Nous sommes lui et moi plus conscients qu’elle de la quantité palpable de désir qui baigne le salon.  Lui et moi savons qu’il nous veut toutes les deux, qu’elle et moi, pour attiser ses envies à lui, finirons aussi par nous rejoindre. Il approche sa bouche de la mienne et nous échangeons un long baiser que la complicité des dernières heures rend irrésistible. Elle n’y assiste qu’à moitié, évitant scrupuleusement de tourner la tête vers nous. De la main, je repousse doucement sa joue que les dernières heures ont rendue légèrement rêche, et je fais pivoter son menton dans sa direction à elle. L’union de leurs lèvres me parcourt alors d’un frisson nouveau.

Je commence à caresser sa cuisse et, de son côté, comme en miroir, elle se met à imiter mes gestes. Il s’abandonne à nos cajoleries à quatre mains, totalement subjugué d’être ainsi au centre de nos attentions. Il marmonne quelques mots sacrés en italien, semblant remercier le ciel d’une telle occurrence. Sa bouche cueille des baisers de droite et de gauche. L’accélération de nos respirations fait écho aux crépitements d’un feu de cheminée que finalement nous renonçons à entretenir, tout occupés que nous sommes avec celui de nos ventres respectifs.

Le jour se lève déjà, tendre et rose, alors que nos pas nous mènent dans la chambre et que mon lit double se mue miraculeusement en lit triple. Il y reprend sa place centrale, et la valse des caresses adopte un tempo plus soutenu. Les corps se découvrent, de leurs vêtements et de gestes de plus en plus clairement sexuels. Au bout d’un certain temps, il me laisse le milieu du lit, me précipitant du même coup contre son corps à elle, cette fois entièrement nu. Des siennes, il guide mes mains peu expertes de sa nuque à ses seins, de ses seins à son ventre, de son ventre à son sexe. Peu à peu la gêne m’abandonne et je finis par jouer de mes gestes pour attiser ses envies à lui en satisfaisant les siennes à elle.

Quand enfin il pénètre en moi, elle n’a de cesse de continuer à nous embrasser tous les deux, à nous couvrir de la douceur de ses mains enfin apprivoisées. Quand enfin il pénètre en elle, j’en fais de même, avec une expertise qui me rend plus audacieuse encore. Nous ne semblons pas pouvoir nous arrêter, d’orgasme en orgasme, le chiffre trois multipliant exponentiellement les possibilités de délices….

 

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