Sens fiction

Durée: 5 min 33″
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Sens fiction


Lance referme la porte de son domicile. Sa semaine de travail une fois terminée, il est toujours content de retrouver son joli espace au sommet de la tour 32. Il retire ses vêtements et les fourre dans le placard-pressing qui commence immédiatement à ronronner doucement. D’ici une demi-heure, s’en échappera ce petit parfum d’amidon qui embaumera tout l’appartement.

Ses pieds s’enfoncent confortablement dans l’épaisse moquette couleur sable. Quel bonheur que ces logements autonettoyants. Lance sourit en pensant à ses aïeux qui devaient produire tant d’efforts pour vivre dans des lieux immaculés. Il inspire profondément, et l’air aux senteurs subtiles, choisies en fonction de ses goûts, augmente encore son sentiment de détente

Dans le séjour tout est prêt, puisque sa montre a annoncé avec précision son heure de rentrée : un whisky japonais vieilli en fût de sakura, deux glaçons, un petit bol de sablés au wasabi que le bar connecté lui offre dans un glissement de vitre. Lance installe le tout sur la table basse et la vitrine du bar se referme dans un silence souple. Il demande une playlist jazz chillout qui vient parfaire l’ambiance feutrée de son retour chez lui.

Lance se glisse dans un fauteuil boule, son verre à la main. Le malt coule liquoreusement dans sa gorge et il en goûte chaque arôme avec intensité, fermant les yeux pour se concentrer pleinement sur sa dégustation. Le wasabi pique et le whisky adoucit. Lance raffole de ces contrastes.

Une fois son apéritif terminé, il fait de la voix apparaitre devant lui un écran holographique sur lequel Lance fait défiler de deux doigts les diverses destinations qui s’offrent à lui pour la suite de sa soirée. Les résumés polysensuels ajoutés lors de sa dernière mise à jour sont d’une grande aide dans son choix. En quelques secondes seulement,  il peut percevoir ainsi quelle ambiance sera la plus propice à lui faire passer une excellente suite de soirée.

Comme il est allé voir ses parents il y a peu, Lance se sent donc complétement libre d’aller là où il le veut ce soir. Il s’offre quelques instants d’un zouk brûlant en bordure de plage à Grande Anse. La femme a un déhanché prodigieux, l’odeur de tiaré est entêtante mais Lance zappe… Ensuite, il tente quelques secondes d’un soin en pleine nature à Killinagh, de hautes herbes vert tendre dansant tout autour de lui. La masseuse a des gestes fluides qui le bercent. L’air est doux. Mais cela non plus ne correspond pas à son humeur du moment. Il chasse alors cette deuxième destination de l’écran.

La suivante sera la bonne. Lance en a l’intuition immédiate. Peut-être à cause de la température étouffante qu’il fait à New York en ce moment. Sans même attendre la fin du teasing polysensuel, il coche l’option téléclonage et se retrouve peu après dans un igloo du Grand nord canadien. Deux femmes s’y font face, dans un jeu de chants de gorge puissants.

Lance les écoute, fasciné. Elles semblent ne pas même l’avoir vu. Au bout d’un petit moment, il toussote pour signaler sa présence. Les deux femmes tournent leurs visages ronds vers lui. Leurs tresses sont mêlées de brins de laine rouge et bleue qui éclairent leur peau tannée par le froid. Elles sont d’une beauté douce et lui sourient comme pour l’inviter à les rejoindre. Lance va donc s’asseoir entre elles.

Elles bavardent et leurs paroles sont ponctuées de petits rires. L’homme n’en saisit pas un traitre mot. Il se laisse docilement faire quand elles entreprennent soudain de le déshabiller. Bientôt il repose nu entre elles. Les peaux de caribou sur lesquelles ils sont installés le caressent à chaque mouvement. Les femmes réchauffent son corps en l’enduisant d’une huile camphrée dans des mouvements énergiques. Il s’aventure à les toucher aussi. Il s’émeut de leurs courbes qu’il perçoit sous l’épaisse protection de leurs vêtements. De ces quatre seins, de ces fesses, de ces hanches. De ces corps taillés pour la rudesse du climat qui savent toutefois se faire si tendres…

Elles commencent à s’embrasser en riant toujours, puis rajoutent les lèvres de Lance dans la ronde de leurs baisers. La chaleur humaine et la montée conjointe de leurs désirs font grimper la température de leur abri de neige. De délicieux frissons envahissent les membres de l’homme… annonciateurs d’un… retour dans son salon…

…en 2046, la téléportation n’est encore que de courte durée…

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