Ile d’Houat

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Ile d’Houat


Mon short de bain était encore légèrement humide et plein de sel.
Je connaissais bien cette petite plage bretonne près de l’Ile d’Houat, sur laquelle je venais en vacances depuis mon plus jeune âge. Aux plaisirs innocents de l’enfance avaient succédé les premiers émois des amours de vacances.

C’est aujourd’hui en célibataire divorcé que je venais de temps à autre déambuler sur cette étendue de sable gris foncé que fouler me remplissait de souvenirs capiteux.

Le ciel vira en quelques instants de bleu intense à anthracite menaçant. J’étais encore à une bonne dizaine de minutes de ma voiture et je craignais de ne pas pouvoir l’atteindre avant le déchainement des éléments.

Les premières gouttes, énormes et chaudes me firent presser le pas. Elles furent suivies de grêlons gros comme des raisins qui me poussèrent à m’abriter sous le premier parasol des « Bains du Phare » où je venais d’arriver après de longues enjambées empressées dans un sable lourd.

La solide toile ocre délavée me protégeait de la grêle tout en m’exposant imprudemment à la foudre. Mais je ne quittai toutefois pas mon abri de fortune, tandis qu’un ciel turbulent alternait glace et eau. L’humidité ambiante commençais à gagner mon corps qui grelottait désormais sous mes vêtements trempés. L’orage ne semblait pas vouloir se calmer. L’odeur de la pluie et celle de la mer se mariaient dans un mélange puissant.

Soudain, je fus rejoints sous mon parasol par une femme tout aussi mouillée que moi. Ses cheveux dégoulinaient sur un visage blanc et doux, éclairé de deux yeux verts rieurs. Son ciré bleu marine n’avait pas résisté à la puissance des intempéries et lui collait au corps.

Nos regards se croisèrent et nous éclatâmes de rire de nous apercevoir similairement détrempés sous notre carapace improvisée. L’envergure de la toile nous faisait nous tenir tout près l’un de l’autre, chacun s’évertuant à fuit la colère sans fin de Dame Nature. Je la voyais grelotter sans avoir rien de sec à lui proposer pour se réchauffer. Progressivement, la grêle s’éclipsa, pour laisser toute la place à une pluie dont l’intensité ne tarissait pas.

Nous échangeâmes quelques mots d’une banalité convenue, puis, notre étrange duo retomba dans un silence seulement ponctué par le rythme des gouttes sur la toile. Nous nous observions du coin de l’œil. « Ca va aller ? » lui demandai-je, la voyant le corps traversé de frissons.

Elle prononça un oui si petit que j’eus monstrueusement envie de la prendre dans mes bras pour la réconforter.

Son visage se tourna vers moi à ce moment-là et ses yeux verts me lancèrent une invitation à peine embuée à cette consolation que tout son corps appelait. Je la pris dans mes bras autant qu’elle vint s’y blottir avec un naturel désarmant. Nos corps s’arrimèrent l’un à l’autre avec simplicité, la chaleur humaine venant immédiatement faire rempart à l saturation de l’air ambiant.

Je la sentais respirer sereinement sous le plastique de son ciré. Flottait dans mon nez l’odeur de son shampoing que ses cheveux mouillés exhalaient.

De la chaleur que nous nous apportions mutuellement se dégagea une forme de tendresse. De cette tendresse cotonneuse finit par poindre une forme de proximité sensuelle. De cette intimité subite ss mit à sourdre un désir à la démesure de l’orage.

Nos visages se touchaient à présent, reliés par nos joues qui avaient fini par se réchauffer au contact l’une de l’autre.

Un éclair zébra le ciel charbonneux et secoua nos corps qui n’en formaient plus qu’un. Nos lèvres s’unirent, formant un cercle sucré qui nous secoua tout autant.

Il pleuvait toujours. Nous n’en savions plus rien. Gouttes, éclairs, tonnerre….

Coup de foudre à l’Ile d’Houat….

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