Muse

Durée: 5 min 51 sec
© Dans tous les sens

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Description

Muse

 

 

Dignement assis sur la banquette de bois centrale, Hector , immobile, penchait légèrement la tête. Il semblait imperméable aux mouvements des visiteurs autour de lui. Parfois cependant, des gens traversaient les trois mètres qui le séparaient d’elle. Il demeurait impassible. Seuls le clignement régulier de ses paupières et le léger mouvement de sa respiration pouvaient le distinguer d’une statue de cire. Qui aurait d’ailleurs plutôt eu sa place en ces lieux.

Rose, elle non plus ne bougeait pas. Sa jambe droite légèrement pliée reposait sur la gauche. Le flanc appuyé sur une fine soierie aux fleurs de lys, elle n’était que sérénité. Sa peau laiteuse faisait ressortir le violine du tissu qui lui servait d’écrin.


Les bruits des pas, le brouhaha de certains groupes guidés, la turbulence des plus jeunes, le vol des angelots …rien ne troublait leur quiétude contemplative.

Hector ne promenait pas son regard le long du dos que Rose lui présentait. Cela lui eut semblé presque vulgaire. Ses yeux étaient accrochés à l’ombre que portait la cuisse gauche de Rose sur celle de droite. La peau prenait à cet endroit une teinte d’un doux grisâtre qui avait ému Hector dès qu’il s’était assis là, la première fois. Son carnet de croquis pendait au bout de ses doigts. Vierge.

Rose ne savait rien de l’admiration qu’elle suscitait. Ni de celle de cette homme sur la banquette. Ni de celle de tous ceux qui , amateurs d’art ou de chair, ou des deux, l’avaient observée depuis des siècles. Et pourtant on ne la sentait pas dédaigneuse. Juste alanguie, la tête reposant dans le creux tiède de son coude.

*******

J’entendis sonner dix-huit heures à l’horloge de l’entrée. Dans le petit boudoir du rez-de-chaussée, une sieste m’avait reposée de la température caniculaire de cet été indien. Bien qu’ayant dormi nue sur la couche empereur recouverte d‘un simple drap de soie, je me sentais en moiteur et peinais à m’extirper de ma somnolence.

Je sentis soudain une main fraîche dans mon dos, qui me fit sursauter. Je n’osais me retourner, tiraillée entre la crainte d’avoir été surprise dans ma nudité et l’excitation de m’être trouvée ainsi offerte dans mon repos. Les angelots ne m’avaient avertie de rien….

******

Sur la banquette, les épaules d’Hector commençaient à ployer doucement vers l’avant. Ses cils battaient plus lentement, et sa respiration, de plus en plus calme, prenait le chemin de l’assoupissement. Quelques instants plus tard, après qu’il eut fait un bref sursaut qui lui fit lâcher son carnet, on pouvait apercevoir ses mains parcourues de minuscules mouvements.

En face de lui, toujours allongée, Rose restait de marbre. Dans le Pavillon des romantiques, tout était on ne peut plus normal.

******

Ma caresse, quoique presqu’aérienne, avait toutefois réveillé Rose. Je la regardais à présent s’étirer pour chasser les derniers nimbes du sommeil. Je me retenais d’effleurer son dos, nacré et offert à mon regard depuis la nuque jusqu’à la naissance de ses fesses, marquée d’une ombre légère et émouvante.

Elle entreprit de se retourner, très lentement, me permettant ainsi d’anticiper tout ce qu’elle allait de ce fait me dévoiler. Ses épaules rondes et douces. Ses bras étonnement graciles. Puis enfin ses seins lourds aux larges aréoles qui me subjuguèrent alors qu’elle s’asseyait, faisant pendre ses jambes nues le long de la méridienne.

Je m’approchai alors, jusqu’à ce que mes mains puissent se poser sur ses cuisses encore marquées des plis du drap. Voyant qu’elle ne me repoussait pas, je les saisis plus fermement et vins couler mes hanches dans l’espace offerts par ses genoux. Avec délicatesse mais conviction, j’entrepris alors de les ouvrir en grand…

*****

« On ferme Monsieur, on ferme » répétait le gardien en secouant doucement l’épaule d’Hector et en lui tendant son carnet. Il ouvrit péniblement les yeux. En face de lui, dans son cadre, Rose était toujours aussi immobile.

Mais, dans la tête du peintre, dansaient encore les hanches de sa Rose, enserrées dans ses grandes mains à lui. Ces mêmes mains qui, de retour à l’atelier, feraient danser les poils du pinceau sur une toile, à la recherche perpétuelle du grisé parfait de l’entrejambe adoré…

 

 

 

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